° Hommage à Raymond Mastrotto
L’hommage à Raymond MASTROTTO Figure attachante du cyclisme et véritable force de la nature, surnommé le « Taureau de Nay », disparu tragiquement en 1984 à l’âge de 49 ans, Raymond MASTROTTO appartient à cette remarquable lignée de coureurs cyclistes béarnais qui, de Victor FONTAN à Gilbert DUCLOS-LASSALLE et Stéphane AUGÉ, ont fait honneur au BÉARN. C’est le seul d’entr’eux, à ce jour, à s’être imposé à PAU lors d’une arrivée du Tour de France (1967), victoire qui reste dans toutes les mémoires des Béarnais. Enfant de réfugiés italiens opposants au fascisme, Raymond MASTROTTO est né à AUCH en 1934. Après la déclaration de la deuxième guerre mondiale, en 1939, son père, suivi par sa famille (fratrie de quatre enfants) rejoint l’Italie pour entrer en résistance et combattre le régime de Mussolini et le nazisme. Il est fusillé par les Allemands. Son épouse et ses quatre enfants regagnent alors la France pour rejoindre une partie de leur famille déjà installée à NAY, en Béarn. Le jeune Raymond doit gagner sa vie très jeune et devient ouvrier maçon. Il débute la compétition cycliste au V.C. NAY dont il porte les couleurs jusqu’en 1957 après avoir remporté à deux reprises La Route de France (1956 et 1957). Devenu professionnel en 1958 au sein de l’équipe Géminiani-St Raphaël appelée par la suite Rapha-Géminiani puis Rapha-Gitane – dont les chefs de file sont les Raphaël GEMINIANI et Roger RIVIÈRE – il s’illustre rapidement dans les courses à étapes les plus difficiles : Le Critérium du Dauphiné Libéré (3ème en 1959 et une victoire d’étape, 2ème en 1960 et 1961 avec une victoire d’étape en 1960, 1er en 1962 devant Raymond POULIDOR, 3ème), Le Grand Prix du Midi Libre (3ème en 1959 et 1960, 2ème en 1964) et le Tour de France. Mais c’est assurément le Tour de France, qu’il court huit fois entre 1959 et 1967, qui apporte au « Taureau de Nay » ses plus belles satisfactions. Sociétaire de la légendaire équipe de France de 1959 à 1961 dirigée par Marcel BIDOT, il termine 6ème et 1er Français en 1960 malgré une chute à l’arrivée à PAU, le privant d’une place d’honneur, lors de l’étape Mt-de-Marsan-Pau remportée par le Stéphanois Roger RIVIÈRE devant l’Italien Gastone NENCINI, vainqueur du Tour cette année-là. Dès l’arrivée des équipes de marque dans le Tour en 1962, Raymond MASTROTTO devient le coéquipier d’André DARRIGADE et Federico BAHAMONTÈS au sein de la célèbre formation franco-espagnole Margnat-Paloma dirigée par l’Azuréen Raoul RÉMY. L’édition 1967 reste dans toutes les mémoires. Les équipes nationales sont reconstituées et le Béarnais est engagé dans Les Coqs de France, équipe dirigée par Louis CAPUT. L’étape mythique LUCHON-PAU, jalonnée des cols de Peyresourde, Aspin, Tourmalet et Aubisque, longue cette année-là de 250 km, est au programme. « Le Taureau de Nay » revient sur le groupe de tête dans la descente de l’Aubisque, place « une figasse » – son expression préférée – avant la traversée de NAY, s’échappe seul et, après une chevauchée fantastique, s’impose en solitaire sous le beau ciel de PAU et devant son public ! « Je suais tellement que je graissais la chaîne » s’exclame-t-il à l’arrivée… Le Béarnais achève brutalement sa carrière sportive en 1968. Renversé par une voiture au retour d’un entraînement, il est grièvement blessé et doit subir une longue intervention chirurgicale. Raymond MASTROTTO se reconvertit en instructeur d’Auto-Ecole. Il exerce à BILLÈRE dans la banlieue de PAU, pendant plus de dix ans. Pendant ses loisirs, il conseille et accompagne les coureurs du CYCLO-CLUB BÉARNAIS, club emblématique de cyclisme de la capitale béarnaise dont son fils aîné, Alain, va devenir l’un des sociétaires. Le dimanche 19 mars 1984, c’est le drame. La famille MASTROTTO accompagne Alain pour une course cycliste à ANGLET. Alors que son champion de fils s’apprête à recevoir les récompenses sur le podium, Raymond enfourche son vélo pour retourner à PAU, la famille devant le récupérer à ORTHEZ, sur le chemin de retour. Près de LABATUT, dans les Landes, il s’effondre brutalement, terrassé par une rupture d’anévrisme. Que Mme Colette MASTROTTO et ses fils Alain et Eric, qui portent si haut le souvenir de Raymond MASTROTTO, leur époux et père, trouvent ici le témoignage de notre reconnaissance pour avoir accepté d’associer son nom à La Béarn Cycl’Espoir. Le Trophée « Souvenir Raymond Mastrotto » est remis chaque année au vainqueur du classement scratch du grand parcours « Les Cimes du Haut-Béarn ».
Jean-Jacques TECHENE
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